http://www.cnmhe.fr/inventaire/oeuvres/abolitions/abolitions18.html

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A cheval sur l’Atlantique, le camp abolitionniste a, en effet, échafaudé une imagerie contestataire dans la durée. Un répertoire iconographique où l’on retrouve, déjà, le motif d’un homme, genou au sol. Nous sommes alors à la fin du XVIIIe siècle, aux environs de 1790 au plus précis qu’on sache, et un certain Josiah Wedgwood, Britannique, crée (à la demande des cercles abolitionnistes américains) un médaillon en camée. Il n’est pas un inconnu : son nom est presque devenu un terme générique pour ce genre de décorations de céramique qui se vendait si bien, il y a plus de deux siècles. Sur celui qu’il façonne alors dans la faïence, on voit un esclave, noir, à genou et enchaîné. C’est en fait le dessin d’un autre artisan, William Hackwood, et un visuel qui, alors, circulait bon train dans les milieux abolitionnistes, rehaussé de cette phrase :
Am I Not a Man and a Brother?

Produit à partir de la fin des années 1780, ce camée circulera notamment parmi les membres de l’association “Anti-Trade Slavery Society”. Puis plus amplement : il s’agissait alors, déjà, pour l’organisation, d’élargir son audience et de faire valoir cette cause dans l’Amérique esclavagiste. Le médaillon aura du succès, et atteste des efforts des abolitionnistes pour faire du bruit dans l’espace public. Jusqu’en France, comme en témoigne la traduction, sur ce médaillon en biscuit d’un diamètre de 8,5 centimètres, qu’on peut découvrir au musée de la porcelaine de Limoges :
Ne suis-je pas un homme et un frère ?