La petite propriété fait le communisme (Limousin, Dordogne)

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La petite propriété fait le communisme (Limousin, Dordogne)

Laird Boswell
Publié dans

Etudes rurales

2004/3-4 (n° 171-172)

Éditeur

Éditions de l’EHESS

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Peu présent dans les villes moyennes et industrielles (à l’exception de Périgueux, Bergerac et surtout Saint-Junien), le communisme s’établit principalement dans les campagnes limousines et périgourdines et trouve ses plus fidèles soutiens chez les paysans propriétaires ainsi que chez les artisans et petits commerçants ruraux. En Limousin et en Dordogne, le communisme rural est un phénomène nouveau qui s’inscrit dans la longue durée du xxe siècle. C’est aussi un phénomène endogène et relativement autonome.

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L’enracinement rural du PCF en Limousin et en Dordogne est précoce et inégal. Précoce car, dès 1924, ce jeune parti, qui n’a qu’une emprise marginale sur la vie politique française, s’implante en Corrèze de façon très marquée avec 20,6 % des suffrages exprimés lors des élections législatives – un score qu’il maintiendra, hormis l’année 1932, pendant tout l’entre-deux-guerres. Inégal, car en Haute-Vienne, bastion du socialisme, les résultats du PCF sont en dents de scie, avec des pics plus qu’honorables en 1928 et 1936. Dans ce département, l’influence du communisme ne touche qu’un nombre restreint de communes rurales. En Dordogne, il faudra attendre le Front populaire pour que le PCF double son score et s’implante durablement dans les campagnes (22 % des suffrages exprimés en 1936). Enfin, en Creuse, le mouvement communiste agraire ne se développe qu’après la Libération.

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Les départements du Limousin illustrent donc la chronologie de la montée du communisme dans le monde rural et prouvent que celui-ci n’est pas le produit de la Résistance ; au contraire, c’est à la présence d’un appareil communiste dans les campagnes et surtout à celle de réseaux de sociabilité et d’entraide entre militants que l’on doit l’essor des réseaux de résistants. Après la Libération, le parti communiste se ruralise et accroît son influence en Limousin : en 1951 la Corrèze avec 40,4 % des voix, la Creuse avec 39,9 % et la Haute-Vienne avec 39,1 % sont les départements dont les scores sont les plus élevés[3]  Sur la ruralisation du parti communiste après la Libération,… [3] . Et en 1967, 1978 et 1986 c’est le Limousin qui apporte au parti son soutien le plus massif.

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Mais l’implantation du communisme y est inégale. Dans l’entre-deux-guerres, la montagne limousine (plateau de Millevaches), aux confins de la Haute-Corrèze, de la Creuse et du sud-est de la Haute-Vienne, est le bastion du parti. La France connaît peu de régions dont les villages demeurent de façon aussi unanime et fidèle au PCF ; les cantons de Bugeat (61,4 % des suffrages en 1936), Sornac, Treignac (Corrèze) et Eymoutiers (Haute-Vienne) figurent parmi les plus rouges de France, et on y trouve des villages comme Tarnac (Corrèze) où plus de 75 % des électeurs manifestent leur soutien au jeune parti communiste. »

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