J’ai pratiqué la sylvothérapie.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvoth%C3%A9rapie

« La sylvothérapie est une approche naturopathique reposant sur la croyance d’un effet curatif de séjours en forêts sur diverses pathologies. Elle englobe un grand nombre de croyances, certaines réelles (ex. effet tranquillisant), d’autres s’approchant plus des pseudo-médecine (ex. thérapie énergétique). Les traitements par sylvothérapie consistent à installer des personnes convalescentes ou malades (notamment les victimes de maladies pulmonaires) dans des forêts. Le principe de la sylvothérapie repose sur la possibilité de l’existence d’un traitement curatif permettant la guérison notamment via la respiration de phytoncides, composés volatils antimicrobiens émis dans l’air par les arbres (terpénoïdes, pinènes, bornéol, linalol, limonènes) ou autres principes actifs naturels présents dans les forêts (phytothérapie, aromathérapie et gemmothérapie forestières). Cette pratique s’est étendue aux personnes en bonne santé qui réalisent des promenades dans des environnements forestiers, dans un but ludique, relaxant (à travers des exercices de méditation), ou de consommation de plantes (recherche de jeunes feuilles, fruits, champignons, écorces et graines comestibles) « 

Les ronces poussent, le chèvre-feuille entoure les jeunes arbres jusqu’à les faire crever selon la méthode des serpents qui étouffent leurs victimes. Comme quoi, j’ai la preuve que les arbres respirent à plein poumon. Le lierre fait de même. Les châtaigniers crèvent. On en a déjà parlé ici.

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Alors je passe mes journées dans le bois, à passer la faux de mon père, à couper le lierre, à couper les lianes. Oui nous avons des lianes en Périgord-Limousin. Et si on se prend les pieds dedans, on risque se retrouver dans les ronces. Perdre ses lunettes. Et comment fait-on pour chercher ses lunettes au milieu des fougères quand on n’a plus de lunettes pour voir ?

A la scie – j’ai une spéciale, bois mort – je coupe les arbres morts. Je les dégage afin de pouvoir toujours me promener dans mon bois. Y ramasser des cèpes. Le bois sert au chauffage. On fait dans le local. Et le manuel. Pour les dégager du bois, je les prends à bras le corps. Après leurs avoir coupé leurs multiples bras. Je ne fais pas dans l’hindouisme bien qu’il paraît que c’est excellent avec la sylvothérapie. Alors je ne vois pas dans les arbres la déesse Kali, celle dont Ramakhrisna disait que c’était la « Mère divine ». Et Ramakhrisna pourtant je connais. Dans le quartier latin des années 70, on entendait :

Hare Rāma Hare Rāma
Rāma Rāma Hare Hare
Hare Kṛṣṇa Hare Kṛṣṇa
Kṛṣṇa Kṛṣṇa Hare Hare

Bon tout ça pour moi c’est de la vache espagnole !

J’en suis resté à la mécanique élémentaire apprise au lycée. Alors je tente de trouver le centre de gravité du tronc. Aucune embrassade.

 

Quand je fais tout cela j’évite l’ulcère. Car il faut dire que lire les journaux, écouter la radio, etc  c’est stressant, et surtout énervant. J’ai rebranché la radio et je découvre que l’information essentielle c’est un match de foot et les prestations sportives de mecs (car il s’agit de mecs, mais on ne nous le dit pas !) qui luttent contre des voitures ou des vitrines. Faudra-t-il taper sur des casseroles pour célébrer leurs exploits à 20 heures ? Cette question m’angoisse.

Je suis allé marcher sur les sentiers du littoral breton. J’y ai rencontré des groupes dont des groupes de vieux et de vieilles qui ne vous laissent pas passer. La file indienne est inconnue. On marche de front. On fait front. On est volontaire. Alors si vous voulez garder vos distances comme on dit à la radio, à la télé et ailleurs, il vous faut vous jeter dans les ajoncs. Et les ajoncs de bord de mer, ça pique ! Pendant ce temps, à Saint-Yrieix, rue, place du marché, le port du masque est obligatoire. Pourtant on n’y rencontre pas de monde et on a de la place. Pendant ce temps, des plages sont fermées. Pourtant les distances y sont bien plus respectées que sur les sentiers d’1,50 m de large.

On a fini par abandonner.  C’est qu’on veut pouvoir taper sur des casseroles à 20 heures en  mars prochain.

J’aurais dû rester dans mon bois à attendre la poussée des champignons. Mon spécialiste m’a dit qu’il faut compter 40 jours après les pluies. 40 jours de sylvothérapie. Il paraît que c’est ce que prescrivent les naturopathes.

En tout cas, après une journée passée dans le bois, je dors comme une souche.

Quant aux courbatures, aux piqûres de tiques, nous n’en parlerons pas.

P.S.

Mon blogueur préféré a publié ce texte du grand Alexandre Vialatte. Je le reproduis ici :

L’HOMME D’AOÛT EN FORÊT
On n’imagine pas la chaleur qui accable l’homme au mois d’août. Il faut l’avoir vécue soi-même. L’asphalte fond, la sangsue se ratatine, le sergent de ville colle à la chaussée.
C’est pourquoi l’homme se réfugie dans les forêts pour y manger du saucisson. Ces forêts demandent un entretien considérable, car elles contiennent des pins Douglas et des arbres à oreilles de chien tels que le saule pleureur et le saule de Virginie. 

Dès le mois de mai l’administration fait repeindre au lait de chaux les vestiaires des satyres ; les capitaines de louveterie dispersent les bêtes fauves et massacrent les loups aux carrefours les plus importants ; ils gardent la peau et jettent le reste ; ils tendent des cordes entre les arbres pour faire tomber les braconniers et se dissimulent dans les hautes branches afin de protéger les insectes utiles et de dresser des contraventions aux gens qui emportent les sapins et les violettes. C’est pourquoi le gouvernement les habille d’un vert botanique qui les fait prendre dans les chênes, par les passants, pour des excroissances végétales. Ils vivent ainsi, d’arbre en arbre, jusqu’au moment où l’aquilon dépouille la forêt de sa parure, et se réfugient alors dans les épicéas. De grandes capotes bien chaudes les empêchent de prendre froid. Cette vie de plein air parmi les résineux leur fait une santé de fer et de grandes cages thoraciques.

 

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